Réduire le risque pays : la voie incontournable pour attirer les investissements et reconstruire la Syrie
- أنس الأسود (Anas Alaswad)
- 1 févr.
- 7 min de lecture

Le monde de la finance est impitoyable. Si vous pensez que les investisseurs entreront dans un pays en proie au chaos et à l'instabilité par enthousiasme ou humanité, vous vivez dans l'illusion. Dans notre monde contemporain, le poids et la valeur réelle d'un pays se mesurent à sa force économique, et non à ses slogans ou ses discours grandiloquents. La puissance économique est ce qui place les pays sur la carte de l'influence mondiale. Pour construire une économie forte, l'investissement est essentiel. Cependant, l'investissement ne vient pas gratuitement. Le capital est lâche, comme on dit ; il recherche la sécurité et des rendements garantis. La Syrie a aujourd'hui un besoin urgent non seulement d'attirer des investissements directs étrangers (IDE), mais aussi d'encourager le capital national et les expatriés syriens à retourner dans leur pays et à y investir leurs économies. Ce qui s'applique à l'investissement étranger s'applique également à l'investissement national ; l'argent est le même—il craint le chaos et fuit le risque.
Que signifie le risque pays ?
Le risque pays est le principal obstacle qui fait fuir l'argent plutôt que de le faire affluer. C'est le mur invisible qui sépare le rêve du développement économique de la réalité frustrante. Réfléchissez un instant : une entreprise mondiale, ou même un investisseur national ordinaire, oserait-elle investir dans un environnement en proie à un effondrement politique, économique et social ? Bien sûr que non. Le capital, qu'il soit étranger ou national, ne bougera que si la stabilité est garantie. Les investisseurs syriens à l'étranger, qui représentent une part importante du capital syrien, ainsi que les entreprises étrangères, observent de loin et attendent le moment où ils sentiront que leur argent sera en sécurité s'il est investi en Syrie.
1. Les risques politiques : la base de la stabilité
Les risques politiques viennent en premier. La politique n'est pas seulement un élément du risque pays ; elle est la pierre angulaire de tout environnement d'investissement. Lorsque l'environnement politique est turbulent, l'investissement devient presque impossible. Les risques politiques incluent l'instabilité politique résultant de conflits, de coups d'État ou de protestations généralisées qui menacent les régimes au pouvoir. Ils sont également liés aux risques souverains, tels que la confiscation ou la nationalisation des actifs des entreprises étrangères sans compensation équitable. En Syrie, pendant les années de guerre, les lois ont été modifiées de manière aléatoire et sans transparence, maintenant les investisseurs dans un état d'anxiété constante. Les décisions étaient prises pour servir les intérêts d'une petite élite au détriment de l'économie nationale et des investisseurs étrangers. Pire encore, le gouvernement du régime imposait des extorsions et des prélèvements aux détenteurs de capitaux et aux commerçants, entraînant une fuite des capitaux et une réticence des investisseurs à opérer dans le pays.
Mais le problème ne se limite pas aux lois instables. La sécurité politique est également liée à l'armée et à la police. La Syrie a besoin de restructurer l'armée nationale comme pilier de la stabilité politique et sociale. L'armée n'est pas seulement un outil militaire ; elle est un symbole d'unité nationale. L'armée syrienne ne peut pas rester un ensemble de factions conflictuelles servant leurs propres intérêts ou suivant des agendas étrangers. Elle doit se transformer en une force nationale unifiée travaillant pour la Syrie et son peuple. Parallèlement à l'armée, les institutions de sécurité et administratives ont besoin d'une réforme complète. La police et la sécurité intérieure doivent être recalibrées pour devenir des outils de maintien de l'ordre et de service aux citoyens, et non des outils de répression ou de corruption. Les institutions administratives doivent fonctionner efficacement et en toute transparence pour reconstruire la confiance entre l'État et les investisseurs locaux et internationaux.
Les risques politiques ne sont pas seulement une menace économique ; ils sont une menace pour la confiance. Les investisseurs recherchent un environnement politique stable et des lois claires qui garantissent leur protection. Si ces risques politiques ne sont pas radicalement abordés, toute tentative d'attirer des investissements étrangers ou de reconstruction restera un simple fantasme.
2. Les risques économiques : la monnaie et la stabilité financière
Après la politique vient l'économie. Les investisseurs recherchent la stabilité de la monnaie, des taux d'inflation bas et des politiques fiscales claires. Si la monnaie locale s'effondre, l'argent des investisseurs s'évapore. La Syrie, pendant la crise, a connu un effondrement significatif de la valeur de la livre syrienne, rendant tout investissement une aventure perdante. Une inflation élevée, des dettes massives et des taxes imprévisibles sont tous des indicateurs qui éloignent les investisseurs.
3. Les risques sociaux : l'ennemi caché
Viennent ensuite les risques sociaux, l'ennemi caché. Les protestations, les déplacements internes et les grèves ouvrières rendent l'environnement d'investissement instable. Les investisseurs ne veulent pas entendre des histoires de conflits internes entravant la production. La Syrie a connu des vagues massives de déplacement et une augmentation sans précédent du chômage, exacerbant les tensions sociales.
4. Les infrastructures : la base qui relance l'investissement
Les infrastructures sont l'épine dorsale de toute économie. Les routes, les ports, les réseaux électriques et les communications ont tous été détruits pendant la guerre. Les investisseurs, qu'ils soient nationaux ou étrangers, ne viendront pas construire leurs projets s'il n'y a pas d'infrastructures fiables. La reconstruction de ces infrastructures doit être une priorité nationale, non seulement pour attirer les investissements étrangers, mais aussi pour encourager les investisseurs syriens à l'intérieur et à l'extérieur du pays à contribuer à la reconstruction de leur pays.
L'une des leçons les plus importantes tirées des expériences mondiales est l'importance des réformes juridiques et environnementales pour attirer les investissements. La Syrie a besoin de construire un environnement d'investissement transparent où la bureaucratie est supprimée et les processus commerciaux facilités pour les investisseurs locaux et internationaux. De plus, les lois doivent être flexibles et stables pour garantir la protection des droits des investisseurs à long terme. Les investisseurs ne prendront pas de risques dans un environnement où les actifs sont confisqués ou les lois changent soudainement.
Mais qu'est-ce que l'investissement direct étranger, et pourquoi est-il important ?
L'investissement direct étranger (IDE) est un processus par lequel des entreprises ou des individus en dehors du pays investissent directement du capital dans des projets au sein du pays hôte, tels que la construction d'usines, la création d'entreprises ou le développement de projets d'infrastructure. L'IDE se distingue des autres investissements par le contrôle administratif des opérations, ce qui signifie que les investisseurs étrangers participent directement au développement de l'économie locale, apportant non seulement du capital, mais aussi des technologies modernes, une expertise managériale et des relations commerciales internationales.
Pour la Syrie, l'IDE n'est pas seulement un outil économique ; c'est une bouée de sauvetage pour une économie dévastée souffrant d'une pénurie de ressources et de capitaux. Après le départ du régime Assad et la libération d'un règne qui a duré plus de soixante ans, pendant lequel la Syrie est devenue synonyme de corruption, de monopole et de mauvaise gestion, il y a un besoin urgent de reconstruire la confiance internationale. Historiquement, le "Mouvement correctif" lancé par le régime dans les années 1970 a marqué le début de la détérioration des institutions économiques, les transformant en outils pour servir l'élite dirigeante, entraînant une érosion de la confiance dans le climat des affaires syrien. Puis est venue la guerre, qui a duré 14 ans, détruisant complètement les infrastructures, y compris les routes, les ports, les réseaux électriques et d'eau, faisant de la reconstruction un défi colossal.
L'IDE pourrait être la solution optimale pour reconstruire la Syrie sur des bases modernes. Ce n'est pas seulement un moyen de combler le déficit de financement, mais aussi une opportunité d'introduire des technologies avancées et de nouveaux modèles managériaux qui mettraient la Syrie sur la voie du développement durable.
Pourquoi les investisseurs se soucient-ils du risque pays ?
Parce que l'argent est intelligent. Les investisseurs ne gaspillent pas leur argent dans des rêves non calculés. Ils recherchent la sécurité et la stabilité. Le capital n'aime pas l'aventure ; il cherche des profits. Lorsqu'ils voient des risques élevés, ils ferment leurs livres et regardent ailleurs.
Mais c'est plus que cela. Les entreprises ne se contentent pas de regarder les rendements à court terme ; elles planifient pour les décennies à venir. Si l'environnement est instable, il est inutile de construire une usine ou de faire un investissement à long terme. Les investisseurs veulent des règles claires, des lois transparentes et une stabilité à long terme. Sans cela, ils choisissent de se retirer.
Comment réduire les risques ?
En théorie, cela semble évident, mais sa mise en œuvre est extrêmement complexe. La stabilité politique doit être la priorité absolue. Le gouvernement doit renforcer la souveraineté de la loi et empêcher les changements aléatoires dans les politiques. L’infrastructure légale nécessite une refonte complète, y compris la création d’un centre national d’arbitrage économique et commercial, spécialisé dans le règlement des litiges rapidement et efficacement tout en réduisant la dépendance au système judiciaire.
Sur le plan économique, il est nécessaire de maîtriser l’inflation, alléger le fardeau de la dette et offrir des incitations fiscales pour faire de la Syrie un endroit attrayant pour les investissements. Les infrastructures ont besoin d’une reconstruction complète, des routes aux réseaux électriques et de télécommunications. Les relations internationales doivent renforcer la confiance à travers des traités d’investissement bilatéraux et des accords commerciaux.
Le message final
Le capital recherche la sécurité, et la Syrie doit offrir cette sécurité. Par conséquent, le plus grand risque auquel le pays est confronté est le risque politique. Nous avons besoin d’une armée qui porte le drapeau de la patrie et non des drapeaux fragmentés, une armée qui unifie et ne divise pas, une armée qui travaille pour être le gardien de la stabilité et le symbole de la souveraineté. Aux côtés de l’armée, il faut restructurer les institutions de sécurité intérieure pour en faire des outils au service des citoyens, et non des instruments de répression qui approfondissent la division. C’est la base qui reconstruira la confiance entre le peuple et l’État, montrant au monde que la Syrie revient plus forte et plus unie, et permettra de réduire l'indice des risques du pays pour attirer les investissements étrangers.
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